L’île d’Idjwi, une terre de collines verdoyantes caressées par les eaux fraîches du lac Kivu, à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Ce territoire administrativement créé en 1974 couvre une superficie de 310 km². Il figure parmi les plus peuplés de RDC, avec une population avoisinant les 300 000 individus.
Sur l’île, peu d’opportunités d’emplois. Plus de 80% des citoyens travaillent dans le secteur informel, vivant de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage.
Le territoire est un havre de paix à l’Est de la RDC, son isolement l’ayant préservé des conflits de la région. Idjwi a été de nombreuses fois terre d’accueil pour des réfugiés fuyant les violences, notamment des rwandais rescapés du génocide de 1994. Ces mouvements migratoires et la surpopulation ont entraîné une vaste déforestation de l’île. L’érosion des sols qui s’en est suivie a affecté le rendement des cultures et la malnutrition est un des principaux fléaux frappant les familles.
Dans ce contexte, le Gouvernement du Japon et le PNUD ont soutenu un programme de réponse rapide pour la cohésion sociale et la relance économique. Objectif ? Lutter contre la pauvreté, diversifier les sources d’emplois et renforcer le tissu social en rapprochant les communautés pygmées et bantoues.
500 emplois temporaires ont été créés, notamment pour aménager des cultures en terrasse. Combinées à la reforestation, les terrasses agricoles sont très efficaces pour lutter contre l’érosion et rendre la fertilité des sols.
M. Karongo Kalajo Kadiyo, administrateur du territoire de Idjwi : « Notre territoire est bien positionné pour des projets de développement durable et peut servir pour les expériences pilotes. Nous avons une sécurité permanente, la population est courageuse et unie. Le PNUD et le Japon sont parmi les premiers partenaires de développement durable qui soutiennent notre territoire ».
L’appauvrissement des sols et le manque d’organisation de la filière café ces dernières décennies a affecté négativement la production et la qualité de la principale culture de rente de l’île. Mais les temps changent!
Née en 2011, la Coopérative de Planteurs et de Négociants de café du Kivu (CPNCK) soutient et coordonne le travail de 672 caféiculteurs, dont 317 femmes.
Ces membres ont accès à huit micro stations de traitement pour mutualiser leur production. La coopérative est appuyée par l’ONG VECO, un partenaire du projet soutenu par le Japon et le PNUD.
La coopérative a reçu du projet une machine décortiqueuse. Auparavant les cultivateurs vendaient un café semi-transformé, à moindre coût. Le nouvel équipement est un sérieux atout : il permet de transformer la récolte en café vert directement prêt pour l’exportation, ce qui triple le prix de vente.
Saouda est membre de la coopérative. Elle témoigne « Avant d’être affilié au CPNCK, mon mari allait vendre notre café en pirogue au Rwanda. C’était dangereux et notre production était mal rémunérée. En collaborant avec la coopérative , nous bénéficions de prix connus et stables. Nous les femmes nous amenons notre café à la micro-station, et nous sommes directement payées au prix du kilo de café cerise. Cela m’aide à assumer les dépenses quotidiennes du ménage et d’épargner pour envoyer nos trois enfants à l’école. »
L’unité de transformation du café fonctionne grâce à la micro-centrale hydroélectrique de Kamiro, inaugurée le 28 mai par l’Ambassadeur du Japon, le Gouverneur du Sud Kivu et le Directeur Pays Adjoint au Programme du PNUD.
Cette infrastructure produit une énergie renouvelable, denrée rare sur un territoire sans source de production électrique.
La micro-centrale construite grâce aux fonds japonais a une puissance de 200 Kw. Elle alimente également en énergie l’unité de transformation d’ananas. A terme, lorsque les travaux de réalisation d’une deuxième conduite forcée seront réalisés, la capacité atteindra 700 Kw, de quoi alimenter des ménages et les infrastructures essentielles comme les centres de santé.